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En vieillissant, on dit que l’amour se transforme. Mais qu’est-ce que cela signifie au juste ?

Oui, en vieillissant, souvent les petits bobos font leur apparition. On a moins de flexibilité, moins d’endurance physique, plus de douleurs, etc. Mais si l’amour n’était pas seulement lié aux galipettes olé olé ? Bon, vous vous dites sans doute « Oui, mais faire l’amour c’est quand même agréable, alors oublier les galipettes, ce n’est pas très tentant »… Et vous auriez bien raison de penser ainsi. D’ailleurs, un neuropsychologue écossais, du nom de David Weeks, a mené une enquête auprès de 3500 couples à travers l’Europe, d’hommes et de femmes âgés entre 20 et 104 ans, et conclu que « La satisfaction sexuelle est un des contributeurs majeurs à la qualité de vie pour tous. » Or, la question qu’on doit se poser est « Comment conserver sa satisfaction sexuelle en fonction des adaptations liées au vieillissement ? »

Ce qui me donne envie de vous partager une tranche de vie du vécu de mon grand-père. À l’âge de 79 ans, mon grand-père a rencontré Françoise, une jolie dame de 73 ans. Il venait de perdre sa conjointe des 35 dernières années tout récemment, après en avoir pris grand soin, bien au-delà de ses capacités. Conséquemment, sa santé en avait fait les frais. Sa bonbonne à oxygène le suivait dorénavant partout. Il avait surmonté un cancer de la prostate, qui lui avait laissé des séquelles irréversibles, or, vous comprendrez qu’il n’arrivait plus à être aussi fringant qu’il l’aurait souhaité… Mais ce qui me frappait le plus dans l’histoire de ces deux tourtereaux c’est l’Amour. J’écris Amour avec un grand A, parce que c’était le cas ! Pour la première fois de ma vie, je voyais mon grand-père réellement heureux. Et pourtant, comme il disait, le petit soldat ne répondait plus à ses quatre volontés ! Charmeur comme il était, il devait bien trouver une autre stratégie pour prendre soin de sa belle. C’est alors qu’il s’est mis à lui chanter la pomme littéralement, par des chansons de son époque, à lui faire des massages, à lui rendre des petits services comme il pouvait, pour lui démontrer toute son affection et son amour. Jusqu’à son dernier souffle, il aura eu le regard pétillant pour cette jolie dame, rencontrée au téléphone à cause d’une erreur de numéro en voulant appeler son fils. Je crois que cela a été la plus belle de ses erreurs…

C’est ainsi que, l’image la plus prédominante qu’il me reste de mon grand-père quand je songe à lui, c’est cette transformation qu’il avait réussi à faire. Plutôt que de s’apitoyer sur ses petits bobos, qui pouvaient lui apparaître plutôt irritants, il avait su transformer ses limitations pour développer quelque chose plus axé sur la tendresse, la sensibilité, et les petites attentions. Alors pour moi, une jeune de 40 ans comme il dirait, ça me réconforte en songeant que même si on vieillit, l’amour fait plus que survivre. Il s’adapte à tout ce qu’on vit, à la hauteur de ce qu’on est capable de vivre tout un chacun…

Myriam Chiasson, Ph. D., Chercheure au CCEG | CCTT-PSN et professeure de psychologie au Cégep de Drummondville